Les eaux minérales sont à consommer avec discernement. En faveur depuis la Haute Antiquité pour ses vertus diverses, l’eau minérale est aujourd’hui un produit de consommation de masse. Jouissons de ces vertus, mais sachons choisir les eaux que nous pouvons boire sans restriction.

Mai 2016 – Remis à jour le 4 janvier 2018  Version réactualisée par Sauveur Fernandez d’un article paru initialement dans le magazine Effervesciences, n° 20, octobre novembre décembre 2001 et écrit initialement par Maurice Engalenc. 

Qu’est-ce qu’une eau minérale ? Toutes les eaux sont minérales, seule l’eau distillée est pure. Une eau est dite « minérale naturelle », si elle est d’origine souterraine naturellement pure (sans polluant) sans avoir subit de traitement, si sa composition physico-chimique est constante ainsi que l’ensemble des critères de qualité tels la température, l’aspect visuel, le goût, le débit, si ses qualités thérapeutiques ont été reconnues par l’Académie Nationale de Médecine et si l’administration au public a été autorisée par le Ministère chargé de la Santé.

Ce n’est pas la teneur totale en sels minéraux, ni la température qui confère à une eau le titre « d’Eau Minérale ». Par exemple l’eau de Volvic n’a que 102 mg/l de sels minéraux alors que l’eau du robinet peut en contenir jusqu’à 1 500 mg/l.

1 – Quelles différences y a t-il entre une eau minérale, l’eau du robinet et une eau de source ?

La quasi-totalité des eaux minérales a une origine météorique (2) : l’eau de pluie s’infiltre dans le sol, emprunte des fissures et s’enfonce profondément sous terre. Elle chemine très lentement et revient vers la surface pour émerger.

Avant d’émerger, l’eau d’Évian est restée sous terre 14 ans, 50 ans pour l’eau de Contrexéville et 1 400 à 5 000 ans pour les eaux des Pyrénées (Cauterets Luchon). Au cours de ce long périple souterrain, l’eau dissout les terrains traversés et se charge en minéraux. Il a fallu jusqu’à 5 000 ans, pour que la nature élabore une eau minérale.

« Il a fallu jusqu’à 5 000 ans pour que la nature élabore une eau minérale… »

3 – Les composants des eaux minérales

Toutes les eaux contiennent trois éléments de base : les bicarbonates, les sulfates et les chlorures. Mais il existe un grand nombre d’éléments mineurs qui font la particularité de chaque eau : Brome, Iode, Fluor, Lithium, Strontium, Baryum, Silicium… et des éléments sous forme de traces (oligo-éléments) : Fer, Manganèse, Cuivre, Vanadium, Arsenic, Molybdène, Sélénium et des éléments radioactifs.

Tous ces éléments secondaires jouent un rôle capital dans le cycle des réactions biochimiques de l’organisme humain.

4 – Sur la pureté des eaux minérales

De par leur origine profonde et la température élevée à ces profondeurs, les eaux minérales sont à l’abri de la pollution. Les risques existent en surface, dans les zones d’émergences qui sont souvent localisées en fond de vallée. Par la suite, l’eau captée peut être un mélange difficile à protéger.

Les grandes sources protègent leur environnement en définissant un vaste périmètre de protection en concertation avec les institutions locales et régionales.

4 – La qualité d’une eau minérale se retrouve-t-elle chez le consommateur ?

Comme pour toute denrée alimentaire, il faut respecter des règles, en évitant de secouer le produit, de cogner les emballages qui se fissurent et deviennent perméables, en conservant les bouteilles à l’abri de la lumière, de la chaleur, du soleil, en ne mettant pas les flacons dans le coffre ni sur la plage arrière de la voiture.

Les eaux doivent être stockées dans un endroit propre, sec et frais, loin de toute odeur. Éviter la congélation qui fragilise le PVC et déforme les bouchons favorisant des fuites et des entrées microbiennes.

La bouteille une fois ouverte, conserver l’eau dans le réfrigérateur et la boire dans les 48 heures. Ne pas boire au goulot et refermer la bouteille. Il faut éviter de faire bouillir une eau minérale, qui se dénature, perd ses qualités avec concentration des éléments indésirables.

5 – Les eaux minérales : à boire avec discernement

Les eaux de source embouteillées peuvent-être bues sans restriction d’une façon permanente.

Si l’on applique les directives du décret officiel aux eaux minérales, à quelques exceptions près, ces eaux ne sont pas destinées à une consommation permanente.

L’abus de ces eaux peut être presque dangereux pour la santé. Citons quelques eaux connues, qui répondent aux normes du décret et qui peuvent êtres bues d’une façon permanente. Aix, Alet, Évian, Luchon, Perrier, Salvetat, Thonon, Valvert, Volvic (Perrier et Salvetat ont toutefois un pH trop faible).

Ces eaux font essentiellement partie du grand groupe des eaux minérales bicarbonatées calciques faiblement minéralisées et dont le rôle est «d’éliminer les toxines de l’organisme ». Ce sont des eaux très proches des eaux de source et du robinet.

6 – Que risque-t-on si on boit régulièrement, d’une façon permanente certaines eaux minérales ?

Peu d’eaux minérales sont de potabilité permanente. Leur consommation devrait être faite en connaissance de cause, après lecture des étiquettes ou renseignement près d’un pharmacien ou d’un médecin. Donnons quelques exemples d’effets indésirables :

– Le fluor en excès fait apparaître des taches brunes sur l’émail des dents et favorise les maladies osseuses.
– Le sodium favorise les oedèmes, l’hydropisie et l’hypertension artérielle.
– Le potassium en excès a des effets néfastes sur le système neuromusculaire, les contractions cardiaques.
– L’absorption du calcium est inhibée par les ions sulfate.

D’une façon générale, les eaux minérales sont… trop minéralisées ! Il serait désastreux de faire boire Vichy Célestin (3.378 mg/l) ou St Yorre (4.647 mg/l) à un bébé !
Comme tout produit ayant des propriétés thérapeutiques, les eaux minérales peuvent avoir une contre-indication.

7 – Est-il conseillé de varier les marques des eaux minérales ?

C’est un moindre mal, à condition de changer de type d’eau. Un amateur d’eau gazeuse risque de ne boire que des eaux bicarbonatées sodiques fortement minéralisées et riches en sodium. Mêmes inconvénients pour les buveurs recherchant les eaux « goûteuses » car salées. (Arvie, Badois, Quezac, St Yorre, Vichy Célestins, Vals…).

De toute façon, les eaux minérales qui ne respectent pas les normes de potabilité permanente, ne devrait pas être consommées régulièrement, même en alternance de marques.

8 – Le BOOM des eaux minérales

Comment peut-on expliquer le formidable engouement pour les eaux minérales ? Par l’incroyable adaptation d’un produit médicinal, à usage limité, qui se retrouve comme produit de consommation de masse. Les eaux embouteillées envahissent les rayons des grandes surfaces après une antériorité glorieuse durant laquelle les Grands de ce monde « allaient aux eaux» et fréquentaient les stations de cure.

La publicité massive, joue sur le Naturel d’un produit non traité, non pollué, sur les bulles du champagne des eaux de table, le calcium qui fortifie, sur la taille fine, le dynamisme, le fluor qui donne de belles dents, le magnésium qui déconstipe. Inutile d’aller à Évian, Vichy, Vittel… on peut faire sa petite cure chez soi, en passant par le supermarché.

Les étiquettes (et la publicité) mettent en avant les éléments chocs mais relativisent le côté médical : l’eau minérale n’est plus un remède, elle est banalisée. On peut la vendre à tout le monde, sans retenue, sans précaution ni avertissement affiché. Si vous voulez être informé sur le produit, essayez de traduire l’étiquette !

L’eau minérale ne se vend plus en pharmacie depuis 1950, sauf l’Hydroxydase. Les médecins ne les prescrivent plus sauf en cure. Alors que l’eau minérale dénature le palais avec sa minéralisation excessive, l’eau de source ou du robinet, sans saveur, est devenue « plate », fade et pour peu qu’elle ait des relents de chlore, elle n’est pas « bonne ».

9 – Quel est l’enjeu économique des eaux minérales ?

89 milliards de litres d’eau sont mis en bouteille et consommés chaque année dans le monde, dont 52 milliards de litres d’eau pour l’Europe (chiffres 2015). La consommation d’eau plate embouteillée est passée de 9 litres en moyenne par personne en 1999 à environ 27 litres en 2013, ce qui représente une hausse de 300 % en 14 ans, (étude Canadean). Fait inquiétant la venue des pays émergents assoiffés par l’eau en bouteille va encore accroitre en flèche la consommation d’eau dans le monde.

La France quand à elle est le premier exportateur mondial d’eaux minérales naturelles : notre pays exporte plus d’un tiers de sa production (plus de 10 milliards de litres d’eaux minérales produites en tout par an contre 30 millions en 1938). Les ventes d’eau en bouteille représentent 8,3 milliards de bouteilles d’eau par an. Les Français boivent 125 litres d’eau en bouteilles par habitant et par an. (27 l/an/habitant en 1963) un peu moins que les Allemands et les Italiens.

L’enjeu économique pour un produit donné par la Nature, qu’il est interdit de traiter, aiguise les appétits des Grandes Sociétés : le marché des eaux en bouteille est très concentré en France. Trois groupes y détiennent près de 80 % des parts de marché. Les groupes Neptune (Saint-Yorre, Vichy, Célestins, Thonon, Pierval, Chateldon, Courmayeur, Cristaline, Vernière, Rozana) et Nestlé Waters (Vittel, Contrex, Nestlé Purelife, Perrier, San Pellegrino, Acqua Panna, Hépar, Quézac, Valvert, Charmoise) possèdent chacun 28,4 % des parts de marché en 2013. Le n°3, Danone, en détient 19,3 % avec ses marques Aqua, Evian, Bonafont, Mizone, Villa del Sur, Font Vella, Volvic ou encore Badoit (Chiffres 2014. Source).

Notons que, malgré les apparences l’industrie des eaux minérales est très polluante : 3 litres d’eau sont en moyenne nécessaires pour produire 1 litre d’eau minérale. Il faut aussi rajouter la quantité d’énergie nécessaire pour produire le plastique, transporter, distribuer et récupérer les bouteilles. Une bouteille d’eau parcourt en moyenne 300 km, de l’embouteillage au recyclage.

En France 60 % des bouteilles d’eau minérale en polyéthylène téréphtalate (PET) sont recyclées, un (relatif) bon chiffre qui ne doit pas faire oublier que le recyclage n’est plus que de 20 % en moyenne En Europe, et que la quantité mondiale de bouteilles PET en plastique qui finissent en décharge est considérable. Le Worldwatch institute estime, par exemple, que près de 2 millions de tonnes de bouteilles en PET terminent en décharge chaque année aux Etats-Unis (Source : planetoscope).

Heureusement les choses bougent avec des initiatives pionnières positives : San Francisco interdit depuis 2014 la vente de bouteilles d’eaux sur l’espace public et dans ses agences gouvernementales. Fait interessant cette métropole met aussi en place des mesures pour rendre public et accessible à tous une eau publique de qualité (mise en place de fontaines publiques, etc.). Depuis, plus de 100 villes américaines ont instaurées des mesures restreignant l’achat ou la présence  d’eaux en bouteilles dans leur établissement territoriaux, les parcs nationaux ou certaines universités.

En France,  certaines enseignes bio responsables ont décidées elles aussi de réagir courageusement :

  • Biocoop, leader de la distribution spécialisée biologique à arrêté la vente d’eau minérale en bouteille sur l’ensemble de ses 430 magasins le 1er janvier 2017. L’enseigne propose en remplacement pour certains de ses points de vente de l’eau “en vrac” avec des distributeurs d’eau filtrée au charbon actif. Par cette initiative, l’enseigne prône une politique de consommation responsable “zéro déchet” qui fait de plus en plus d’adeptes chez les générations Y et Z (-moins de 36 ans).
  • L’enseigne spécialisée Biomonde vend toujours des eaux en bouteille, mais propose aussi depuis fin 2017 dans certains de ses magasins un osmoseur d’eau en libre-service (mais.

10 – En conclusion, quels conseils pour les buveurs d’eau ?

Les eaux minérales ont des vertus thérapeutiques indéniables, leur usage aurait dû rester sur avis et sous surveillance médicale comme cela se pratique en cure dans les stations thermales.

Pour la consommation permanente d’eau qui répond aux besoins humains, utilisons en toute simplicité, l’eau du robinet, à la fois pour ses atouts et pour minimiser notre impact sur l’environnement. Si cette eau a un goût de chlore, buvons la fraîche entre 10° et 16° (jamais à plus de 20°). Suivant où l’on habite, on peut avoir 1 000 l d’eau du robinet pour le prix d’un pack de 6 bouteilles d’eau minérale. On peut se rabattre sur « l’eau de source » qui coûte 2 à 4 fois moins cher que l’eau minérale.

Mais rien n’empêche de jouir ponctuellement des vertus des eaux minérales, en sachant les choisir parmi celles qui sont de potabilité permanente. Les écarts sont permis, mais à consommer avec modération !

Annexe 

(1) Appétence : qui éveille l’appétit, le désir.

(2) Météorique : eau d’origine atmosphérique (pluie-neige).

En savoir plus

L’eau minérale sous le regard de la bio-électronique :
Le magazine Effervesciences à évoqué dans ses numéros 11 et 19 l’importance des caractéristiques électroniques (pH, 2H2 et résistivité) des substances biologiques, sur la santé humaine.

Lors de la prise régulière d’eau minérale, il est intéressant de suivre l’évolution des caractéristiques bio-électroniques de l’eau, en fonction du temps, et après capture de l’eau au griffon et sa mise en bouteille.

« Il ne saurait ici être question de contester les propriétés curatives d’une eau thermale prise à la source ; en revanche, la qualité de cette même eau, soumise à l’embouteillage et livrée à la consommation, apparaît, [à la lumière de la bio-éléctronique] fort discutable, et, dans bien des cas sans doute, ne justifie pas les publicités faites à ce sujet ». (Texte de Jeanne Rousseau, extrait du même article).

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