Dans cette nouvelle rubrique prospective, je décrypte les signaux faibles de l’actualité de la bio et de la consommation responsable. Ce qui consiste à déduire des enseignements « cachés » et des tendances qui éclairent l’avenir d’un jour nouveau. Au menu : la bio à la TV, la GMS prise en défaut, floraison de nouveaux labels du conventionnel, etc…

1 – Invasion de la bio dans les pub TV

Apparue il y a quelques années la publicité bio à la télévision s’intensifie. Après les débuts timides de marques historiques (Léa nature (Jardin BiO), Weleda…) et conventionnelles (Fleury Michon, Carrefour…), la vitesse supérieure est enclenchée depuis quelques mois.

Citons, toutes catégories mélées : Biocoop, La Vie Claire, Jonzac Corinne de Farme, Knorr, Liebig, etc. La GSM est aussi au complet avec un discours typé filière bio ou qualité alimentaire. Notons la campagne TV Act for Food de Carrefour de la rentrée 2018, et qui met le bio français à l’honneur (cf. Visuel).

Signal faible : nouvelle ère

La présence soutenue du bio dans le plus grand média de masse révèle que le secteur est désormais accepté de tous. Voici qu’un stade critique de banalisation de l’offre est désormais atteint, provoqué notamment par l’arrivée définitive des marques et des distributeurs conventionnels.

Cette reconnaissance, somme toute positive, annonce évidemment une croissance encore plus élevée du marché biologique. Les marques et distributeurs spécialisés devront cependant compter avec l’arrivée conséquente de nouveaux acteurs de poids, dont les marques conventionnelles converties au bio.

Autre constat, rassurant pour le secteur historique, qui sera toujours moins compétitif que la GMS – Le marché du bio, comme tout nouveau secteur qui atteint un stade critique, se segmente avec plusieurs offres de prix : low-cost – prix moyens – premium – luxe…

Ces deux faits doivent inciter les magasins bio historiques à se positionner qualitativement. Comment ?  En relevant constamment le niveau d’exigences, pour mieux se distinguer de la GMS, orientée volume.

Communiquer généreusement sur ses différences, devient aussi vital, en particulier dans les grands médias afin de sensibiliser les « primo-entrants ».

2 – La quasi-totalité des poissons en grande surface ne provient pas de la pêche durable

Selon une enquête de l’UFC-Que choisir auprès de 1 134 poissonneries de GMS, pas moins de 86 % des poissons vendus dans la grande distribution sont pêchés selon des méthodes non durables ou dans des stocks surexploités.

La GMS n’a aucune politique d’approvisionnement durable pour trois grandes espèces consommées (cabillaud, sole et bar).

Signal faible : la GMS c’est encore la GMS mais…

Il reste encore du travail aux grands distributeurs – pris dans la nasse de la « culture de masse » – avant d’égaler le degré d’exigence et de responsabilité des magasins bio historiques.

À charge pour ces derniers de maintenir leur avance. En effet, la GMS, consciente du changement d’époque en cours (surtout chez ses grands dirigeants, moins chez les patrons d’hypers), progresse en effet rapidement (montage des filières bio…).

3 – La crise des « gilets jaunes » :

Venue de nulle part, mais prévisible au fond, elle à surpris le monde. En passe de figurer au panthéon des grandes crises (1789, 1936, mai 68), cette révolte sans leaders à été boostée par les réseaux sociaux et menée par des revenus modestes et des petits retraités. *

Ses causes, profondes, sont dues majoritairement à 30 années de financiarisation de l’économie.

Signal faible : le rural va mal

Ce n’est pas un hasard si ce mouvement à pris racine dans les villes moyennes et les zones rurales. Ces territoires souvent délaissés patissent de la diminution des services publics. Les emplois y sont de surcroit peu qualifiés, éloignés du lieu d’habitation avec des coûts élevés de transports.

Heureusement, la bio fait déjà sa part du travail : l’agriculture biologique est rurale par excellence, et le secteur est générateur d’emplois sur l’ensemble du territoire français.

Cependant communiquer régulièrement sur le sujet serait judicieux, en développant d’autres initiatives : améliorer les salaires, faciliter l’accès aux personnes défavorisées, avec des magasins adaptés aux zones délaissées, (ce que font souvent les épiceries alternatives de proximité (article a venir).

4 – Après l’agriculture raisonnée, les nouveaux labels « développement durable »

Depuis peu apparait une floraison de labels, certifications ou démarches issus du conventionnel (coopératives, organisations, marques, distributeurs). Certains soutiennent faire mieux sur certains point que la bio.

Citons : label HVE, démarche Bleu-Blanc-Coeur, charte Demain la Terre, appellation Le blé de nos campagnes, démarche Vignerons en développement durable, Étiquette bien-être animal de Casino, etc.

Signal faible : le temps des super labels plus bio que bio

La bio n’a pour l’instant pas trop à craindre de ces (trop) nombreux labels dont aucun ne s’interdit l’usage de pesticides. Il faut cependant rester vigilant car certains commencent à s’allier (Collectif de la Troisième Voie issu de quatre acteurs majeurs de l’agriculture conventionnelle française).

Des initiatives intéressantes émergent, nottament sur le bien-être animal (traité moyennement par le label bio et très peu par le Label Rouge).

Il est temps aussi d’adopter les super labels 100 % bio (Demeter, Bio Cohérence, Biopartenaire, etc.). Le label UE, même dans sa future mouture 2021 est en effet largement perfectible au vu des nouvelles attentes socio-environnementales.

5 – La contre-attaque des logements déconnectés

À contre-courant de l’invasion prochaine des objets connectés, les logements coupés du monde de la vie moderne et d’Internet montent en popularité. Je pense aux micro-maisons, aux cabanes, aux fermes, aux roulottes et maisons-Dômes.

Qu’ils soient permanents ou saisonniers, l’attrait pour ces habitats est confirmé par le site de location Airbnb avec sa récente étude sur les préférences des voyageurs.

Signal faible : la slow attitude, plus glamour qu’internet

Proposer des achats en ligne devient incontournable pour le magasin bio du XXIe siècle. Il faudra cependant veiller à ne pas transformer son point de vente en vaisseau Star Treck avec écrans connectés et gadgets digitaux. L’idéal est d’en faire au contraire un espace privilégié de rencontre et de ressourcement sur le concept du magasin tiers-lieu de vie.

Version remise à jour d’un article paru initialement dans la revue professionnelle Biolinéaires n°82 mars – avril 2019 p15

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